Les galeries moyennes exclues des grandes foires

L’analyse du marché des galeries d’art par Arnaud Dubois responsable des placements en art à l’Institut du patrimoine parue dans les echos.

Les foires les plus prisées laissent peu de place aux galeries de taille intermédiaire.

Les coL’analyse du marché des galeries d’art d’Arnaud Dubois Responsable des placements en ARt à l’institut du patrimoine parue dans les echos.llectionneurs ont changé. Comme le constate Arnaud Dubois, responsable des placements art moderne & contemporain à l’Institut du Patrimoine, ce sont souvent des chefs d’entreprise et des personnes exerçant des professions libérales, qui disposent de peu de temps. Du coup, ils vont moins en galerie, se reposent sur des conseillers et se focalisent sur quelques foires leur apportant une vision globale du marché, et éventuellement sur de grandes ventes aux enchères.

Mainmise des puissants

Balayées par la puissance de tir de ces industriels de l’art, les galeries moyennes, souvent exclues des foires majeures, sont en difficulté. Pourtant, ce sont elles qui découvrent les artistes, les font grandir. C’est ainsi qu’elles sont censées récupérer leur investissement. Sauf que ce retour est désormais confisqué par les grands marchands, une cannibalisation accélérée par le succès des foires. « A Bâle, je prends le pouls de l’art contemporain. Je suis très attentif aux galeries qui sortent de la foire, à celles qui restent, mais surtout à celles qui entrent. J’observe les mêmes mouvements chez les artistes », note Arnaud Dubois, pour qui certains cas sont spectaculaires, comme celui de l’artiste Walead ­Beshty. « Lorsqu’il quitte, en 2009, la galerie new-yorkaise Wallspace qui l’a découvert, c’est pour intégrer de puissantes galeries internationales : Rodolphe Janssen à Bruxelles, Regen Projects à Los Angeles, Thomas Dane à Londres et Monique Meloche à Chicago [ toutes impliquées à un moment ou un autre dans Art Basel ou sa déclinaison à Miami, NDLR]. Des stratégies de marketing sont alors mises en place, les expositions marchandes et institutionnelles se multiplient, la demande des collectionneurs se manifeste et les galeries organisent la rareté, les prix sont décuplés. Ces éléments sont déclencheurs de placements pour mes clients. » Les photographies de Walead Beshty, vendues quelques milliers de dollars chez Wallspace, partent aujourd’hui pour plusieurs dizaines de milliers de dollars.